Hier, plusieurs employés d’Activision Blizzard auraient reçu un email de la commission américaine de l’égalité de l’accès à l’emploi (EEOC) leur demandant de remplir un questionnaire pour s’exprimer sur leur expérience avec la société. L’EEOC est un organisme gouvernemental qui a été créé pour faire appliquer les lois fédérales contre la discrimination basée sur “la race, la couleur de peau, la religion, le sexe, les origines, l’âge, le handicap ou incapacité, ou les informations génétiques”. Le questionnaire ferait partie d’une enquête lancée après des accusations de discriminations basées sur le sexe par la société.
“L’EEOC effectue une enquête sur Activision suite à des accusations de discriminations basée sur le genre ou le sexe”, affirme l’email communiqué par Dexerto. “Le fait que l’EEOC ait une enquête en cours sur Activision ne signifie pas qu’il y a eu violation de la loi”.
L’enquête de l’EEOC fait suite à l’organisation planifiée par les salariés d’Activision Blizzard pour partager le montant de leurs salaires dans l’entreprise. En effet, plus tôt, Bloomberg a dévoilé l’existence d’un spreadsheet qui circulait dans le Slack officiel de la société pour que les employés partagent leurs informations relatives aux salaires et aux augmentations sous anonymat. L’objectif de ce document était de mettre en lumière les disparités entre les salaires, à poste égal.
En plus d’avoir été sous les critiques pour la disparité de salaires dans sa société, Activision Blizzard a déjà été le sujet de controverses ces dernières années après avoir été ciblée par des accusations de racisme et de sexisme qui feraient partie intégrante de la culture d’entreprise. Un employé de Blizzard a ainsi été la cible de commentaires racistes en 2018, selon une plainte déposée au début de l’année 2019. L’ex-employé déclarait avoir signalé ces incidents au département concerné dans un court délai, mais qu’il n’avait pas été écouté.
Plus récemment en juin, Tyler Rosen, senior manager de la stratégie internationale de business et d’opérations à Blizzard, a été accusé d’avoir eu des comportements sexuellement inappropriés lors d’un afterwork. Aucun changement de poste n’avait suivi l’accusation. Selon Rosen, “un autre incident de comportements inappropriés, non-relié à ce dernier, a contribué à mon départ de Blizzard en 2018”. Selon ces accusations, Activision Blizzard aurait ignoré plusieurs signalements de discriminations par ses employés.
L’enquête de l’EEOC a lieu à un moment-clé de réflexion dans l’industrie du jeu vidéo dans son ensemble. Au cours des mois précédents, les sociétés de l’industrie de l’esport et du jeu vidéo ont fait face à de centaines d’accusations de harcèlement et agressions sexuelles, ainsi que de discriminations basées sur le genre. L’explosion du nombre de ces accusations a conduit à la démission et au licenciement de douzaines d’employés concernés, dont beaucoup étaient dans des postes de direction. Plus récemment, une enquête de Libération, ensuite renforcée par de nouveaux témoignages, a accusé Ubisoft de protéger des personnes problématiques plutôt que ses salariés lésés, ce qui a conduit à une enquête sur deux vice-présidents de la société et à la démission de trois dirigeants.
Aux Etats-Unis, les sociétés vont certainement être contraintes de commencer à prendre une approche plus proactive pour protéger leurs employés de discriminations, alors que le gouvernement fédéral se penche enfin sur les violations du droit du travail dans l’industrie du jeu vidéo.
